La beauté traditionnelle d’Afrique : des critères surprenants

L’Afrique est un continent qui regorge de diversité, aussi bien dans ses paysages que dans sa culture. Nous voyons que la beauté en Asie est prise très au sérieux par ses habitants et que l’on y passe la plupart de son temps à soigner son apparence. Mais qu’en est-il en Afrique ? Comment s’est-elle imposée parmi les différents critères de beauté dans le monde ? C’est ce que nous allons découvrir dans cet article concernant la beauté traditionnelle d’Afrique. 

Les rondeurs valorisées

Sur le continent africain, on peut dire que les critères de beauté défient toute concurrence. En effet, si dans la majorité du monde, une taille mince à normale est considérée comme un atout de santé mais aussi de séduction, en Afrique c’est tout le contraire. 

Vous l’aurez compris : les hommes africains préfèrent les femmes rondes, voire très rondes. D’ailleurs, un célèbre proverbe maure dit qu’« une femme occupe dans le coeur une place égale à son volume. » Cette tendance s’étend majoritairement en Afrique du Nord, où les critères de beauté marocains et maghrébins se rejoignent. Une femme en surpoids est ici la femme idéale de ces messieurs.

Pourquoi ? Tout simplement car une femme forte est un symbole de fécondité. Ainsi, une poitrine, un bassin et des hanches généreuses seraient plus adaptées pour porter un ou plusieurs enfants. Les concours de beauté africains valorisent d’ailleurs bien souvent les femmes rondes. Au contraire, la minceur est associée à la malnutrition et à la maladie. 

Alors exit les régimes et les diètes. Les femmes africaines sont prêtes à tout pour prendre du poids. Il n’est pas rare de voir passer de nombreux plats tous plus gourmands et consistants au cours d’un seul repas. Très tôt, les mères poussent leurs filles à manger de grosses quantités de nourriture afin qu’elles atteignent le poids désiré à l’âge adulte. Pour s’aider, certaines se tournent même vers des médicaments stimulant l’appétit.

Qui plus est, le fait d’être ronde, plus qu’un atout de séduction, est bien vu en raison du statut social que cela représente. Si une femme se porte bien, c’est que son mari est riche et a réussi socialement. Une femme ronde est donc une femme heureuse, et une femme heureuse est une femme séduisante. Du côté masculin, un homme grand et athlétique est un bon parti car il représente la force et la sécurité.

L’influence occidentale

La peau claire

Si nous avons vu qu’en Asie, l’Occident a considérablement influencé les tendances beauté, en Afrique c’est surtout la colonisation qui a provoqué ce phénomène. Pourtant, on pourrait penser qu’en Afrique, on privilégie la beauté naturelle. Mais le constat est différent. À commencer par la peau claire. Et oui, le blanchiment est également pratiqué par les femmes africaines. Cela s’explique par le fait qu’une femme à la peau claire n’a jamais eu à travailler de sa vie, ce qui connote un certain raffinement et confort social. 

Mais la publicité et les médias ont aussi participé à ce penchant pour le modèle occidental. Pour cause, l’exposition massive de femmes blanches sur les affiches publicitaires. Cela incitait les africaines à s’identifier à elles et à vouloir leur ressembler. Aujourd’hui, bien que le marché évolue et laisse davantage de place aux autres ethnies, plus de la moitié des sud-africaines considèrent encore la peau claire comme un atout. Les crèmes éclaircissantes représentent donc la principale dépense en cosmétiques africaines.

Des cheveux difficiles à assumer pour certaines africaines

Outre cette particularité, les femmes africaines, notamment en Ivoire, au Maghreb et au Maroc sont nombreuses à arborer des coiffures modifiées. Leurs cheveux étant de nature crépus, certaines les camouflent sous des perruques, ou se les lissent, souvent dans le but de les cacher. En effet, certaines complexent sur leurs cheveux africains.

Les femmes qui préfèrent optimiser leur temps se tournent quant à elles vers les tissages et les défrisages, plus complexes mais moins longs à entretenir une fois posés. On peut dire d’ailleurs que les africaines sont celles qui passent le plus de temps à s’occuper de leur coiffure que les autres femmes dans le monde.

Enfin, au Maghreb, les hommes sont attirés par les yeux en amande qui symbolisent pour eux la pureté de l’âme.

Une beauté africaine artistique

Bien loin de la grisaille des régions du Nord, l’Afrique est un continent qui foisonne de couleurs. Et pour cause, les africains se montrent très créatifs et artistiques dans tout ce qu’ils confectionnent.

Un style vestimentaire riche

Quand on se représente une femme africaine traditionnelle, bien souvent elle est vêtue de tissus colorés aux motifs variables comme le wax. Or cette mode reste très courante, y compris pour les hommes. Que ce soit au Burundi, au Bénin, ou encore au Djibouti, les africains arborent fièrement le « pagne » africain qui se décuple en une multitude de couleurs. D’abord porté par souci de confort en raison de la chaleur environnante, le pagne rend l’apparence plus esthétique. Plus le tissu est coloré, plus il sera un véritable atout de séduction.

Ce constat est renforcé par le fait que les couleurs ont une symbolique très forte en Afrique. L’abondance de couleurs permet ainsi de mieux se représenter la personne qui les porte. Par exemple, le vert est associé à la nature et à la jeunesse.

Ce sont donc des jeunes femmes et hommes qui arborent majoritairement. Pour séduire une femme, les hommes portent du rouge, symbole de courage et de puissance. Enfin, un homme ou une femme qui porte du jaune signifiera un statut élevé. En effet, le jaune représente la richesse matérielle et sociale. La coutume des couleurs est ainsi devenue la marque de fabrique des africains. 

L’importance des accessoires et de l’apparence chez les maasaï

Au Nord de la Tanzanie et au Sud du Kenya, en Afrique de l’Est, la tribu maasaï privilégie les accessoires et les ornements. Leur port est considéré comme un art à part entière parmi ces semi-nomades. Plus la personne porte d’accessoires, plus elle sera séduisante.

Les maasaï les fabriquent eux-mêmes. Ils sont plus particulièrement spécialisés dans les bijoux tels que les colliers de perles multicolores qu’ils superposent autour de leur cou. Ils portent également des ornements complexes sur leur tête, fabriqués entièrement à la main, ainsi que des bijoux en métaux ou en bois à travers leurs oreilles.

Enfin, on peut noter que les maasaï ont un code vestimentaire bien précis selon leur sexe. Les hommes s’habillent uniquement en rouge, et les femmes peuvent porter davantage de couleurs. Mais les hommes ont plus de liberté au niveau de leur chevelure, qu’ils portent longue, en référence à la crinière des lions, tandis que les femmes ont le crâne rasé.

Les tatouages tribaux 

L’art se décline aussi autrement que dans la mode. Les africains aiment se démarquer, c’est pourquoi le maquillage tribal est très répandu dans les pays du continent. Critère de beauté marquant, le maquillage tribal peut se faire tout aussi bien sur le visage que sur le corps, les mains ou les pieds.

Pour cela, on utilise de l’argile, mais aussi des plantes ou des fleurs, afin de prôner une beauté naturelle. Pratiqué comme un loisir par certaines femmes, d’autres le prennent très au sérieux. Comme le tatouage dans les îles du Pacifique, plus on va rajouter de symboles au maquillage, plus le statut social représenté sera élevé. Pour finir, si les africains utilisent cet art, c’est avant tout pour honorer leurs ancêtres et mettre en avant la beauté de la culture africaine aux yeux du monde entier.

Les modifications corporelles

Comment parler de beauté sans parler des nombreuses tribus éparpillées en Afrique ? Bien que les formes de beauté qui  règnent soient très disparates, il n’en demeure pas moins que ces tribus ont leurs propres standards. 

L’extension : une forme de séduction

Vous avez sûrement déjà vu ou entendu parler des femmes au « cou de girafe ». On trouve la plupart de ces femmes dans les tribus d’Afrique du Sud-est, notamment la tribu Ndebele. À l’âge de cinq ans, la fille se voit poser un anneau en or autour du cou. Un anneau supplémentaire sera ensuite posé chaque année jusqu’à atteindre une taille de 25 cm. À ce moment-là, le cou des femmes ndebele supportent alors plus d’une vingtaine de kilos !

Mais l’exemple le plus marquant de modification corporelle demeure chez les femmes mursi, en Ethiopie. Surnommées « femmes à plateau », elles ont attiré sur elles les yeux du monde entier avec leur esthétique atypique. En effet, dès leur plus jeune âge, les filles mursi se font percer la lèvre inférieure avec une cheville en bois. Comme les Ndebele, on rajoute chaque année dans cet espace un disque d’argile ou de bois de plus en plus grand, disque qui peut atteindre jusqu’à 12 cm de diamètre. Ce plateau labial est ensuite décoré de gravures et d’ornements dans le but de séduire les hommes mursi. Une fois qu’elles accouchent de leur premier enfant, les femmes peuvent ensuite retirer le labret.

Si ces deux exemples sont assez surprenants en termes de critère de beauté, encore d’autres existent en Afrique. On peut citer comme exemple la tribu maasaï que nous avons déjà mentionnée. Certains hommes et femmes s’étirent ainsi les oreilles en y plaçant des ornements en laiton très lourds, les laissant pendantes à l’extrême. 

Les cicatrices : une forme de virilité 

Enfin, dans la tribu chambri ou encore chez les peuples Yoruba du Nigéria et du Bénin, les garçons sont scarifiés très jeunes. Malgré la souffrance que cela peut engendrer, les jeunes hommes en ressortent remplis de fierté car ce rituel symbolise le passage à l’âge adulte et la virilité. C’est aussi une forme d’art corporel très estimé parmi les femmes. Tout comme les « femmes-girafes » et les « femmes à plateau », ces hommes ont aussi leur surnom : les « hommes crocodiles », en raison de la ressemblance de leurs cicatrices avec les écailles de ce reptile. Pensez à Killmonger dans Black Panther, et vous saurez à quoi cela peut s’apparenter.

Même si certaines régions d’Afrique ont des critères de beauté assez communs, d’autres sortent de la norme. Le continent africain est sûrement l’un des continents où diversité, culture et ethnies se mélangent. Cela donne une richesse de standards que l’on ne retrouve pas ailleurs.

La beauté africaine a toujours fasciné et fascine encore le reste du monde. Certains s’en inspirent, et même pour les coutumes les plus hors norme, comme Sydney Smith, une américaine qui a décidé de porter des anneaux autour de son cou comme les femmes Ndebele ! D’ailleurs, même si les africains ont des normes très diversifiées, on peut s’interroger sur celles prônées par l’Amérique du Nord, où les extrêmes se confondent parfois pour donner des idéaux.